L'asexualité s'affirme !

L'asexualité s'affirme !

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Longtemps ignorée par la société, l’asexualité, qui concernerait de 1 à 4 % de la population mondiale sort enfin de l’ombre pour le plus grand soulagement des personnes concernées. Pas facile en effet de se déclarer insensible au sexe dans une société où celui-ci est omniprésent et perçu comme un rouage essentiel de l’épanouissement personnel. Mais qu’est-ce que l’asexualité ? Est-elle forcément synonyme d’aromantisme ? Comment cette notion a-t-elle évolué ? Peut-on être en couple et asexuel ? Petit tour d’horizon…

 

L’asexualité : un concept tout en nuances

L’asexualité peut être entendue comme l’absence d’attirance sexuelle envers un ou une quelconque partenaire.  Revendiquée comme une orientation sexuelle à part entière par ceux qui se nomment dans le langage courant les « aces », elle apparait aujourd’hui dans l'acronyme dédié aux minorités sexuelles et de genre : LGBTA. Le concept d’asexualité gagne à être creusé car comme pour les autres pratiques intimes, il est loin d’être uniforme et revêt des nuances variées. On peut être asexuel et aromantique ; on éprouve dans ce cas ni attirance physique, ni élan amoureux. On peut être asexuel et romantique, c’est-à-dire être enclin au sentiment amoureux. On observe également différents degrés d’asexualité : de nul à possible, en passant par l’asexualité grise, ou hyposexualité (soit une personne qui peut « parfois éprouver une attirance sexuelle »). Certains sont juste insensibles à la sexualité, d’autres éprouvent une révulsion totale vis-à-vis de celle-ci. Dans tous les cas, l’asexualité ne doit pas être confondue avec l'abstinence, qui peut être subie ou choisie, mais ne suggère pas un manque de désir sexuel. A noter enfin qu’une personne asexuelle n’est pas forcément dépourvue de libido ; elle pourra ressentir de l’excitation et/ou du plaisir mais non orientés vers une personne. Cette dynamique est avant tout physiologique et le plaisir passera dans ce cas généralement par la masturbation.

 

Une orientation longtemps ignorée …

Les personnes asexuelles sont longtemps restées invisibles aux yeux de la société, même si, au Moyen-Âge surtout, un mariage « non consommé » était à blâmer. Lorsque la médecine a commencé à s’y intéresser, à partir de la deuxième moitié du 20e siècle, l’asexualité a d’abord été catégorisée comme un « trouble du désir sexuel hypoactif », et des thérapies psychologiques, voire physiques – comme les hormones et même les électrochocs – ont pu être proposées. L’asexualité est en grande partie sortie de l’ombre en 2001, avec la création par un jeune américain du site Internet AVEN (réseau pour la visibilité et l’éducation asexuelle), dont le pendant français, l’AVA (Association pour la Visibilité Asexuelle) a vu le jour en 2010. L’avènement des réseaux sociaux a également fortement contribué à libérer la parole. Les asexuels ont aujourd’hui même leur drapeau, aux couleurs noir, gris, blanc, violet ! Que cette orientation sexuelle soit reconnue est un soulagement pour beaucoup de personnes concernées car elles peuvent enfin mettre un mot sur leurs doutes.  Cette nouvelle visibilité est surtout salvatrice pour les adolescents. Dans une société marquée par l’omniprésence du sexe, s’apercevoir de son propre désintérêt pour la question peut être très déstabilisant. A un âge où la découverte de la sensualité et le partage des premières expériences sont des étapes fondamentales, il peut être difficile de comprendre et d’accepter sa « différence ». La question reste également souvent délicate pour les personnes très perméables à la pression sociétale et pour les romantiques !

 

Peut-on envisager une relation de couple en étant asexuel ?

Comme nous l’avons vu précédemment, certaines personnes asexuelles n’éprouvent pas non plus d’élan amoureux. On pourrait penser qu’elles ne se sentent donc pas concernées par la question du couple. Or, si certaines acceptent facilement d’être seules et reconnaissent qu’elles sont plus heureuses ainsi et ont une vie épanouie, d’autres peinent à faire une croix sur une vie à deux. A cause de la question des enfants et de la famille. Et / ou de la pression sociétale. En effet, on se montre souvent incrédules face à l’asexualité car le sexe, et par extension le couple, restent la norme dans notre société. On pense souvent que cette absence de désir est le fruit de traumatismes passés, traduit une peur de l’engagement ou de l’acte sexuel, ou que l’asexuel n'a tout simplement pas encore trouvé chaussure à son pied… Il n’est donc pas rare qu’un asexuel aromantique vivant mal ce décalage émotionnel s’engage malgré tout dans une relation de couple, finalement contre sa propre volonté, et n’en sorte que plus malheureux. Le dilemme ne semble pas moins aigu pour une personne asexuelle encline au sentiment amoureux : comment le partenaire pourrait-il accepter de se passer de relations intimes ? Le risque d’infidélité semble être élevé, à moins que les deux partenaires sachent faire des compromis. Il semblerait néanmoins que beaucoup d’asexuels choisissent la solution la plus logique : chercher une personne ayant la même orientation !

Que vous inspire ce sujet ? Êtes-vous, ou avez-vous déjà été, de près ou de loin confronté(e) à cette situation ? Une relation de couple sans sexe vous semblerait-elle envisageable ? Vos témoignages nous intéressent !

 

Photo © Adobe – Auteur : Maria Kololeeva

charlotte4575, 12.01.2023