Les asexuels

Les asexuels

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Encore méconnue de nos jours du grand public, l’asexualité s’avère néanmoins le quotidien de nombreuses personnes. L’amour se présente sous des facettes très variées. Les asexués affirment être capables d’aimer et de rêver de couple. Être sensibilisé à cette orientation sexuelle permet d’en apprendre un peu plus sur la complexité de la sexualité dont on nous parle tous azimuts. Pourtant il y a des formes dont on parle peu, car elles sont dérangeantes.

 

 

L’asexualité, qu’est-ce que c’est ?

Cette orientation sexuelle n’est reconnue que depuis quelques années. L’avènement d’Internet a permis à ces personnes de se regrouper sur les réseaux sociaux ou autour de sites web. Le plus connu d’entre eux est AVEN (acronyme de Asexual Visibility and Education Network), qui a été lancé en 2001. Ce site a développé une version francophone en 2006. Les personnes asexuelles ne ressentent pas d’attirance sexuelle. Cela peut durer pendant une période de plusieurs années comme se prolonger toute une vie. Cela ne veut pas dire que les asexuels n’ont pas de sentiments. Bien au contraire, ces personnes créent souvent ou souhaitent établir des relations romantiques épanouies.

 

Asexualité et abstinence

Il s’agit de deux réalités très différentes. L’abstinence consiste en un choix de vie effectué suite à une décision consciente, alors que dans le cas de l’asexualité, celle-ci est considérée en tant qu’orientation sexuelle. Les abstinents vont avoir tendance à s’abstenir de s’engager dans des relations sexuelles, même s’ils ressentent du désir sexuel. Par contre la majorité des asexuels ne se perçoivent pas du tout comme des abstinents, étant donné qu’ils ne se privent de rien. Le sexe ne signifie pas nécessairement l’amour et par conséquent, ou inversement, l’amour n’aurait pas besoin non plus du sexe. Les sentiments amoureux peuvent très bien être exprimés et ressentis de diverses manières.

 

Dysfonctionnement ?

Une étude scientifique effectuée en 2004 a estimé que, dans le monde, le nombre de personnes asexuelles qui n’avaient pas de rapports charnels à l'époque s'élevait à environ 70 millions d’individus, c’est-à-dire l'équivalent de 1 % de la population. Il ne s’agit aucunement d’un dysfonctionnement du corps ou de l’esprit. Il n’y a pas lieu d'envoyer ces personnes suivre un traitement chez un psychologue ou sexologue, étant donné surtout que la majorité de celles-ci sont satisfaites de leur orientation sexuelle. Les « No Sex » ont commencé, depuis une vingtaine d'années, à se manifester et à s’affirmer de plus en plus. « Ces personnes ne sont pas du tout malades », affirme Anthony Bogaert, un professeur de psychologie, enseignant à la Brook University au Canada. Il est l’auteur d’un livre intitulé « Understanding Asexuality ». Il y explique que : « Bien que l’existence de ces personnes constituent un vif contraste dans notre société, qui est en fait hyper sexualisée, elles sont tout aussi ‘normales’ que ceux qui préfèrent des gens du même sexe qu’eux, que ceux qui sont attirés par le sexe opposé, et que ceux qui aiment les deux... Les asexuels constituent la quatrième orientation sexuelle du genre humain, en n’éprouvant de l’attirance pour aucun des sexes. »

 

Incompréhension et inquiétude de l'entourage

Face aux incompréhensions et inquiétudes de leur entourage, de nombreuses personnes asexuelles éprouvent des impressions de « défectuosité ». Ils craignent que leurs proches aient honte d’elles. Les asexuels sont souvent affectés par cette attitude, qui peut s’avérer ouvertement hostile. Une jeune femme asexuelle dénommée Cathy résume ainsi ses pensées : « Je ne ressentais ni de la peur ni du dégoût à propos du sexe, mais tout simplement, il s’agissait d’une vraie distance. On pourrait comparer cela à un intérêt limité pour les aliments sucrés. Ce sont des choses qui arrivent, et elles s’expliquent assez difficilement. » Cette jeune femme souffrait d'être perçue comme une sorte de « bête curieuse » ou encore comme une « bonne sœur ». Il y a beaucoup de personnes semblables à Cathy, qui décident à un moment donné de leur existence, de « fermer la porte » aux relations charnelles une fois pour toutes. Toutefois, cette décision peut être lourde de conséquences, car elle implique souvent de vieillir dans la solitude. D’autres asexuels adoptent une toute autre attitude et s’amusent des inquiétudes de leur entourage. Ces personnes parviennent à concevoir leur vie amoureuse avec sérénité. Elles acceptent et vivent leur orientation sexuelle avec plénitude, en étant convaincues qu’elles rencontreront une personne de même orientation, c'est-à-dire qui trouve son bonheur ailleurs que sous la couette.

 

En quête de l’amour platonique

Souvent faute d’avoir essayé à tout prix d’être « normal », les asexuels désirent une relation romantique avec quelqu’un d’autre. Il est tout à fait possible d’éprouver de l’attirance romantique (aimer quelqu’un) sans pour autant ressentir de l’attirance sexuelle (faire l’amour). L’attirance peut prendre plusieurs formes : esthétique, sensuelle, intellectuelle, etc. Parfois, l’attirance est dirigée vers un genre particulier. Ces diverses formes de relations romantiques sont appelées homoromantisme, hétéroromantisme, panromantisme ou biromantisme.

Que pensez-vous de l'asexualité ? Connaissez-vous des exemples dans votre entourage ?

 

Photo © Fotolia - Piotr Marcinski

 

Betty_Nelly, 12.01.2017