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Nous avons déjà évoqué le thème de l’humour et de ses bienfaits dans l’article « Humour toujours » que vous pouvez lire ou relire ici. Dans ce nouvel article, nous nous penchons plus particulièrement sur l’autodérision, cette compétence sociale qui consiste à rire de ses propres erreurs, défauts et faiblesses. Il ne s’agit pas de se dénigrer ou de se sous-estimer, mais plutôt de savoir prendre du recul et de considérer les choses avec humour. Nous verrons combien cette aptitude peut être très utile pour faire face aux situations difficiles de la vie, et qu’elle peut être utilisée comme outil de résilience. L’autodérision aide également à réduire notre stress et contribue à améliorer nos relations sociales. C’est un chemin de développement personnel et comme l’indiquait l’écrivain Jacques André Bertrand : « Heureux celui qui a appris à rire de lui-même : il n’a pas fini de s’amuser ». Creusons un peu.
Une forme d‘acceptation de soi
Celui qui pratique l’autodérision a une bonne connaissance de soi, il ne dénie pas ses failles, mais il les conscientise. Cela lui permet de rester positif, lucide et humble à la fois. Se moquer de soi-même c’est la garantie de ne pas se prendre au sérieux et c’est savoir porter un regard moqueur sur ses modes de (dys)fonctionnements, ses travers, ses imperfections, ses faiblesses, surtout ceux/celles qui nous desservent et peuvent nous mettre dans des situations inconfortables. Prendre le parti d’en rire, c’est une manière de s’en distancier. En observant et en riant de ses défauts, il est plus facile de s’accepter tel que l’on est, aussi imparfait soit-il… L’autodérision est une façon douce et bienveillante de dévoiler des aspects gênants de sa personnalité. Toute le monde sait que l’humour en général est bon pour la santé. Il en est de même pour le rire de soi puisqu’il réduit le stress, l’anxiété ou encore la timidité. En riant de ses propres erreurs, on développe une attitude positive et on se sent plus à l’aise avec soi-même et les autres. C’est à la fois un puissant déstressant et aussi un gage d’humilité car en reconnaissant ses manques, on ouvre la voie à la correction et au perfectionnement. Cela permet de s’améliorer, d’acquérir de nouvelles compétences.
L’autodérision comme outil de résilience
Beaumarchais disait : « Je me presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer. » L’autodérision permet de prendre du recul par rapport aux défis et aux revers de la vie. Il faut bien l’admettre, l’exercice n’est pas simple à mettre en pratique, mais plutôt que de se laisser abattre par des échecs ou autres traumas, pratiquer l’autodérision aide à relativiser et à rebondir, sans pour autant se voiler la face. Même au plus creux de la vague, cet outil de résilience peut donner la force de continuer à blaguer pour défier le « mauvais sort ». S’apitoyer et pleurer sur l’injustice de la vie n’est malheureusement pas constructif. L’autodérision permet d’atténuer des sujets sensibles, de les introduire de manière plus douce en montrant que l’on est conscient de sa gravité mais prêt à en rire pour en atténuer l’impact. L’attitude humoristique envers soi-même est comme un refuge utilisé pour tenter d’endiguer ses peurs et ses souffrances. Bien des individus utilisent l’humour et notamment l’autodérision face à l’adversité, la maladie, la perte d’un proche, ou d’autres contextes traumatiques.
Renforcer les relations avec les autres
Ne pas avoir peur de montrer ses faiblesses et ses défauts peut aider les autres à se sentir plus à l’aise en notre présence car cela démontre que l’on est capable de ne pas se prendre trop au sérieux et de faire preuve d’humilité. S’installe alors un climat de confiance et de détente autour de soi, les interactions avec les autres sont facilitées et les liens sociaux renforcés. Attention, cela ne signifie pas se rabaisser ou se dévaloriser mais plutôt trouver un équilibre entre l’humour et le respect de soi. Il est important de faire preuve de discernement lors de l’utilisation de l’autodérision et de s’assurer que cela ne nuit pas à son estime de soi. Prenons l’exemple de nombreux humoristes : l’autodérision permet de briser la glace et de créer une connexion avec leur public. En ridiculisant leurs propres défauts, ils deviennent plus accessibles et humains aux yeux de leur audience. Cela peut instaurer une atmosphère de complicité où le public se sent plus à l’aise de rire plutôt que de juger ou critiquer. Par ailleurs, en se moquant de soi-même avant que quelqu’un d’autre ne le fasse…, on enlève aux autres le pouvoir de nous blesser. C’est une manière de prendre le contrôle de la situation et de montrer que nous sommes en paix avec nos propres imperfections.
Pour finir, on peut se demander quelle est la place de l’autodérision en thérapie. Être capable de se moquer de soi-même prouve que l’on a gagné en flexibilité psychique et su mettre en place des mécanismes d’autoguérison. Ainsi, combien d’humoristes et d’acteurs comiques ont confié avoir fait leur « coming out psychique » grâce à la pratique de l’humour comme outil de psychanalyse. D’ailleurs, on constate que l’humour trouve désormais une place essentielle dans de nombreuses méthodes thérapeutiques. L’humour sur soi revitalise et permet de prendre de la hauteur alors il ne faut pas s’en priver !
Que vous inspire ce sujet ? Pratiquez-vous l’autodérision ?. Si oui, dans quelles circonstances ? Considérez-vous qu’elle est une clé du bien-être ?
Photo © Adobe – Auteur : KeetaKawee
charlotte4575, 13.03.2025